Développé avec Berta.me

  2. (EN)

    Emerige Revelations - 2018

    Currator : Gaël Charbau

    Probing the material, thinning it, until revealing the stigmas of its history, the inscriptions that testify to its relationship to the world, to the artist's hand in constant negotiation with it. Faded fabrics, translucent leathers, burned metal blades... Amandine Guruceaga's sculptures are the result of alchemies in search of the limit states of ordinary materials. Under the tutelary figure of the strange and the foreign, they return to inhabit our space, posing their renewed enigmas to us. Amandine Guruceaga began by working with wax, this African fabric originally developed by colonists for trade, bleaching it to reveal the "reactions" of the material, the patterns that disappear in places or, on the contrary, persist. Since then, she has produced series of translucent leathers like stained glass - a result obtained after a residency at the Riba Guixà tannery. On these skins appear the veins, bones and scars of the animal, stretch marks that intensive farming encourages. "History is inscribed in the material," the artist emphasizes. Amandine Guruceaga, in a gesture first of revelation, of care, moves it. There, skins with chlorophyll hues, caught in their light boxes as if between the slides of a biologist, seem to offer a synthesis of the organic, animal and vegetable order (Myth Tartar series, 2017). Here, the multiple colors of a leather patchwork overlap at the center of the composition, before unfolding around this centrifugal vortex: they enter into relation, as on the painter's palette (Acid Mix Pergamine I, 2017). "Relationship is our way of changing by exchanging with the other, without losing ourselves, or denaturing ourselves," said the author and philosopher Édouard Glissant, often rightly cited in relation to the work of Amandine Guruceaga. Her sculpture Su lengua afilada (2017) thus arranges a panel of transparent leather and a thin strip of steel with uneven and moiré contours burned by the flame of a blowtorch - another exercise that the artist enjoys - which serves as its support. An aesthetic full of contrasts, between massiveness and instability, sharpness and fragility. We then think of the third place that is intimacy, according to the philosopher François Jullien, this indefinable beyond where the encounter is constituted, irreducible to the identities that compose it. Similarly, the work of Amandine Guruceaga seems to play with boundaries, between painting and sculpture, between art and craft.

    Marine Relinger

  3. (FR)

    Révélations Emerige - 2018

    Currator : Gaël Charbau

    Sonder la matière, l’amincir, jusqu’à mettre à jour les stigmates de son histoire, les inscriptions qui témoignent de sa relation au monde, de sa relation à la main de l’artiste en constante négociation, avec elle. Tissus délavés, cuirs translucides, lames de métaux brûlés... Les sculptures d’Amandine Guruceaga sont le résultat d’alchimies en quête d’états limites de matériaux ordinaires. C’est alors sous la figure tutélaire de l’étrange et de l’étranger qu’ils reviennent investir notre espace, pour nous poser leurs énigmes, renouvelées.
    Amandine Guruceaga a commencé par travailler le wax, ce tissu africain originellement développé par les colons afin d’en faire commerce, le décolorant afin de faire apparaître les « réactions » de la matière, les motifs qui par endroits disparaissent ou, au contraire, persistent. Elle a depuis produit des séries de cuirs translucides tels des vitraux – résultat obtenu à l’issue d’une résidence à la tannerie Riba Guixà. Sur ces peaux apparaissent les veines, ossatures et cicatrices de l’animal, vergetures que favorise l’élevage intensif dont il a fait l’objet. « L’histoire est inscrite dans la matière », souligne l’artiste. Amandine Guruceaga, dans un geste d’abord de révélation, de soin, la déplace. Là, des peaux aux teintes chlorophylle, prises dans leurs caissons lumineux comme entre les lamelles d’un biologiste, semble proposer une synthèse de l’ordre organique, animal et végétal (série     Myth Tartar, 2017). Ici, les multiples couleurs d’un patchwork de cuirs se superposent au centre de la composition, avant de se déployer autour de ce vortex centrifuge : elles entrent en relation, comme sur la palette du peintre (Acid Mix Pergamine I, 2017).
    « La relation, c’est notre manière de se changer en échangeant avec l’autre, sans se perdre, ni se dénaturer », a déclaré l’auteur et philosophe Édouard Glissant, souvent cité, à raison, face au travail d’Amandine Guruceaga. Sa sculpture     Su lengua afilada (2017) agence ainsi un pan de cuir transparent et une fine languette d’acier aux contours inégaux et moirés brûlés par la flamme d’un chalumeau – autre exercice que l’artiste affectionne – qui lui sert de support. Une esthétique tout en contrastes, entre massivité et instabilité, tranchant et fragilité. On pense alors au troisième lieu qu’est l’intime, selon le philosophe François Jullien, cet au-delà indéfinissable où se constitue la rencontre, irréductible aux identités qui la composent. De même, le travail d’Amandine Guruceaga semble se jouer des frontières, entre peinture et sculpture, entre art et artisanat.

    Marine Relinger

  4. The Tear, 2018, entrefino lamb skins, approx. 300x180x180cm, exhibition views Outside Our, Emerige Revelations, Villa Emerige.

    La déchirure, 2018, peaux d'agneau entrefino, approx.300x180x180cm, vues d'exposition Outside Our, Révelations Emerige, Villa Emerige. 

    © Jean Picon et © Rebecca Fanuele

  5. Acid Mix Pergamine III and Acid Mix Pergamine IV, 2018, metal, resin, transparent entrefino lamb skins, approx. 180x180x3cm.

    Acid Mix Pergamine III et Acid Mix Pergamine IV, 2018, métal, résine, peaux d’agneau entrefino transparantes, approx. 180x180x3cm.

    © Photo: Rebecca Fanuele et Frédéric Clad / The Farm ( pour le détail )